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Derniers jours, la fin d'une aventure...

C'est peut-être le carnet le plus dur à écrire, c'est aussi celui qui marque la fin de cette aventure.

 

Il me reste 10 jours avant que mon VISA expire et 3094 km à parcourir. Je retourne à Buenos Aires, la capitale Argentine, un an après y être arrivé pour commencer ce voyage... La boucle est bouclée !

30 mars au 9 avril 2014, De retour à Buenos Aires (Argentine).

 

Je termine mes dix derniers jours à Buenos Aires pour y revoir les personnes que j'y ai rencontré un an plus tôt et quelques personnes rencontrée durant le voyage. 10 jours le temps de vivre ces derniers instants avant que mes pieds quittent le continent sud-américain.

 

Mes habitudes reviennent, je retourne aux endroits que j'avais découvert un an plus tôt, notamment à la place Dorego où se tient chaque dimanche, un Tango al aire libre (Tango à l'air libre).

 

C'est entre soirées pizza, bières, asado, maté, concert de musique de percussion au KONEX, tour de carrousel, balade en bateau sur le rio de la plata que je retrouve mes amis dont Jose.

Je me souviens qu'à l'aube de mon départ pour commencer ce voyage en Amérique du Sud, mes larmes s'étaient mises à couler. J'avais tellement peur de partir seul et aussi loin pendant toute une année. Un an plus tard, le 9 avril 2014, je me retrouvais à l'aéroport de Buenos Aires m’apprêtant à rentrer en France, je correspondais par sms avec Paula, une amie argentine. Mes pieds frottaient le sol de la passerelle d'embarquement tandis que mon regard se portait vers l'avion qui allait me ramener, au travers du hublot. Je lui ai écrit: «  je ne veux pas partir Â». Elle m'a répondu « Alors, reste !! Â» J'ai senti un frisson me parcourir. Alors que je pensais que mes pieds n'allaient plus caresser le sol sud-américain, une sensation de tristesse m'avait envahi et mes larmes se sont mises à couler... Bien que la peur du voyage vers l'inconnu était forte, jamais je n'aurais pu imaginer ce que j'allais vivre durant toute cette année. Il est bien difficile de résumer tout ce périple en quelques phrases. L'idée de

partir était pour moi une nécessité. Je voulais faire une pause dans ma vie professionnelle et dans la vie parisienne de débauche que je menais. Je rêvais de me retrouver en haut des montagnes à plus de 4000 mètres d'altitude à contempler les étoiles. Je recherchais alors de la simplicité. Je voulais vivre des aventures, me confronter aux dangers, à la solitude, à moi même et aux autres que moi. Mes précédents voyages, des séjours de 10 jours en moyenne m'avaient donné l'envie de partir encore plus loin, plus longtemps. Je voulais également apprendre l'espagnol. La destination était alors une évidence et ce continent me fascinait déjà sans savoir pourquoi. J'étais enfin près à me réconcilier avec la vie avec laquelle j'étais fâché. Je suis partis parce que je voulais vivre.

 

Le vent a été mon allié. Mon élément durant le voyage. Il m'a guidé tout au long de la route pour me découvrir, me confronter. J'ai découvert d'autres cultures que la mienne, j'ai appris à parler l'espagnol toujours par la rencontre avec les gens. J'ai pu approché des animaux dans leur habitat naturel que je n'avais pas l'habitude de voir, mes yeux ont contemplé des paysages immenses et variés. J'ai goûté à la force et à la magie de la PACHAMAMA, la mère nourricière. J'en reviens avec des images pleins la tête...et les pieds un peu moins sur terre !

 

En me rappelant d'une phrase que j'avais dit à Marina la Catalana avant son retour en Espagne ; « Si ton voyage pour l'Amérique du sud se termine c'est pour que tu puisses en faire pleins d'autres... Car la vie est un voyage a elle toute seule !! Â»

9 avril 2014, Envol pour la France

 

Escale à Londres, en changeant d'avion pour le retour à Paris, les hôtesses au sol me disent que la guitare qui m'accompagne doit aller en soute... Cela fait un an jour pour jour que je parle quotidiennement en espagnol. Autant vous dire que mes mots en anglais ne me viennent pas... j'essaye de leur dire que si la guitare dans sa housse en tissue part en soute, elle finira cassée « Guitar Break break break Â» et que je souhaite parler au responsable. Elles m'indiquent la direction. Je poursuis mon chemin, l'heure presse. Il me reste une dizaine de minute avant d'embarquer. Je passe au contrôle de sécurité des bagages avec ma guitare et mon petit sac à dos, après vérification, rien d'anormal. Je peux poursuivre à vive allure pour atteindre la porte d'embarquement. L'air de rien, je rentre dans l'avion en essayant de ranger ma guitare dans le compartiment à bagage...

 

Roissy Charles de Gaulle... La bienvenue à la française. Tous les occupants de l'avion descendent par la passerelle nous amenant vers le contrôle d'entrée au territoire. Une dizaine de gendarme et la douane nous accueille avec froideur : « Bonjour, vos papiers s'il vous plaît ! Â». Sans un sourire ni même un effort de parler en anglais pour accueillir les touristes étrangers maîtrisant mal le français. Voila un accueil au goût amer. Je ressens beaucoup de peine pour ces étrangers voulant visiter notre pays. Vive la France.

 

Dans la salle des bagages, je vois les valises et les sacs à dos qui passent devant moi. Peu à peu, je vois les bagages retrouvant leur propriétaire mais je ne vois pas le mien. Je pars au guichet d'information. On me précise que mon sac à dos arrivera lors du prochain vol. On me demande mon adresse et mon numéro de téléphone pour me l'expédier. Petit problème, je n'ai pas de numéro et ni d'adresse puisque je reviens d'un an de voyage. On me laisse utiliser le téléphone du guichet. J'appelle mon ami Denis, ancien colocataire. Je peux alors renseigner son adresse et son numéro de téléphone pour la livraison de mon sac à dos quelques heures plus tard.

 

J'écris un message sur Facebook à tous les amis de Paris :  «  Puisque je n'ai plus de numéro de téléphone, je vous donne rendez-vous à 17 h à la terrasse du 45° Est pour boire quelques bières et vous retrouver... Â» Je retrouve à compte goûte une dizaine d'amis tout au long de la soirée. Les retrouvailles furent bonnes. Ça fait un énorme bien de retrouver ses amis après une année d’absence.

 

Durant ces 3 semaines à Paris, j'ai revu beaucoup d'amis et des connaissances. Tous m'assaillent de questions : « Alors c'était comment ? Â», « Quel pays as tu préféré ? Â», « C'était pas trop dangereux ? Â», « Whaou elles étaient belles tes photos, tu ne veux pas écrire un livre ? Â», « Alors, tu recherches un travail ?? Maintenant que tu as voyagé il faut se stabiliser Â». Mes réponses restent vagues. D'abord on répète, on répète mile fois les mêmes histoires au risque d'ennuyer quelques amis. Comment répondre clairement à ces questions. Non, il faut le vivre pour le comprendre. Il n'y a pas de pays préféré. Tout était différent. Il m'est impossible d'y répondre. Quant à la stabilité, si mon corps physique est bien arrivé en France, il me faudra encore quelque temps pour que mon esprit atterrisse car il est toujours en Amérique du Sud.

 

Et puis il y a la famille. Dans un train à destination de Sarrebourg dans l'Est de la France, j'appelle ma grande sÅ“ur Élodie. « Coucou, c'est Camille. Ca va ??? Bon, je ne sais pas quand je pourrais venir. Les trains sont chers.. Désolé... Tiens, tu fais quoi en ce moment ???? Â». Me connaissant bien, Élodie me répond : « Ben je viens te chercher à la gare... Â» Et elle se met à hurler de joie...

 

Puis, le retour en Bretagne en covoiturage, en stop et en train. Mon père me récupère à la gare de Plouaret. Je récupère la voiture, je vais chez ma deuxième sÅ“ur Esthelle. Les petits m'ouvrent la porte. Je les retrouve et les embrasses. La voiture est planquée derrière la maison. Esthelle et Olivier ne sont pas encore rentré chez eux. Alors j'attends patiemment. D'abord Olivier arrive et je le prends dans mes bras. Puis c'est au tour d'Esthelle. Ne sachant pas que je suis de retour en Bretagne, elle continue son train train dans sa maison. Puis Olivier lui demande de venir dans le salon. Elle s'approche en serviette, ne comprenant pas pourquoi il lui demande de venir voir. Je suis caché derrière un mur, bien assis dans un fauteuil. Elle s'approche de plus près et lorsqu'elle entre dans le salon, je me retourne et je lui dis : « bonjour ma Pépette Â». Elle se met à pleurer.

 

J’atterris doucement en Bretagne. Je commence à chercher du travail. Je trouve un emploi saisonnier pour travailler durant l'été dans un parc d'accrobranches. Je trouve également un emploi à Caen en Normandie pour travailler en Foyer de Jeunes Travailleurs. Le poste ne me correspond pas tout à fait puisqu'il s'agit surtout d'un poste administratif. J’accepte de travailler en CDD durant 10 mois.

Le retour à la vie « normale Â» est difficile. On ressent une forme de dépression. Le voyage est un monde à part. Bien qu'il ne reflète pas tout à fait la réalité, il permet du moins d'avoir une vision d'ensemble de nouvelles cultures. On efface peut à peu ses repères pour en construire de nouveaux. Le voyage est intense et nous transforme. On se sent grandit de l'intérieur. Il est alors difficile de retrouver totalement sa vie d'avant puisque nous avons changé. C'est le syndrome du voyageur.

 

J'aurais mis environ 6 mois à me réadapter. Mais mon emploi à Caen ne me satisfaisait pas. Je pense alors à repartir. En Espagne cette fois-ci. Plus proche, plus accessible. Je veux continuer à parler en espagnol. Je mets des sous de côté et tous les jours je regarde sur internet les prix des camions aménagés jusqu'au jour où j'achète le SPITFIRE, un Peugeot J5 de 1994. Avec lui, je m'envole au mois de juillet 2015 pendant presque 4 mois au Nord de l'Espagne. Galice, Asturies, Cantabrie, Pays Basque, Navara, Aragon, Catalogne... Mais ceci est un tout autre voyage... Hasta donde el viento me lleve!!!!!

Quelques phrases de voyage...

« Caminante, no hay camino. Se hace camino al andar Â» Antonio Machado

(Marcheur, il n'y a pas de chemin. Le chemin se fait en marchant)

 

« Peut importe la destination, seul le voyage compte Â»

 

« Rester c'est exister, voyager c'est vivre Â» Gustave Nadaud

 

« Tout homme est tiraillé entre deux besoins, le besoin de la pirogue c'est à dire du voyage, l'arrachement à soi même et le besoin de l'arbre, c'est à dire de l'enracinement, de l'identité. Les hommes errent constament entre ces deux besoins en cédant tantôt à l'un tantôt à l'autre ; jusqu'au jour où ils comprennent que c'est avec l'arbre qu'on fabrique la pirogue. Â» Mythe mélanésien de l'île Vanuatu (Sud Ouest de l'Océan pacifique)

 

« Hasta donde el viento me lleve Â» Camilo Plusquellec

(Jusqu'où le vent me porte)

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